Un foulard pour le printemps

C'est sa fille qui lui a fait cadeau d'un bon pour une initiation à la peinture sur soie. Elle a beaucoup et longtemps hésité avant de proposer une date pour un après-midi à l'atelier. Nous feuilletons ensemble un livre sur les couleurs et parlons des contrastes, des accents et des harmonies. C'est la gamme de violets qui retient son attention. Puis, nous regardons ensemble quelques foulards peints sur des soies et dans des techniques différentes. Sur un morceau d'essai, elle tire ses premiers traits de pinceaux et choisit ses couleurs, comparant, mélangeant, hésitant, décidant des nuances. Sur le petit carré de soie, elle esquisse quelques formes, applique différents pinceaux et plusieurs teintes.

Devant la taille du foulard, elle doute un peu, me demande de poser la ficelle enduite de peinture épaissie. Suivant ses indications, je trace la structure générale. Ensemble, nous délimitons les bords du foulard, assez audacieuses pour n'en faire que trois au lieu des quatre habituels. Pas à pas, elle pose au pinceau des feuilles et des branches stylisées, attentive à respecter la symétrie et l'équilibre de sa composition. Peu avant la fin, elle innove encore et glisse un second trait de pinceau plus fin par-dessus une partie du motif. Satisfaite du motif, elle s'attaque aux bords après avoir longuement mélangé le bon bleu: ni trop lavande, ni trop océan. Elle travaille vite et sourit en tournant autour de sa création. Elle est satisfaite, heureuse d'avoir été au bout de ses hésitations. Pour elle, le printemps peut arriver. Elle est prête.